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Confidence sur la presse
Il est minuit, je suis à l’aéroport de Beyrouth, où j’attends un pote-à-la-compote. Et je viens de bondir à cette lecture de Tocqueville :
« Les journaux deviennent plus nécessaires à mesure que les hommes sont plus égaux et l’individualisme plus à craindre. Ce serait diminuer leur importance que de croire qu’ils ne servent qu’à garantir la liberté ; ils maintiennent la civilisation. » (De la démocratie en Amérique).
Comme quoi tout évolue, et à une telle vitesse que les principes s’inversent.
Je m’explique : je continue, envers et contre tout, à me taper la lecture quotidienne de ces Tartuffes de la presse qui pullulent dans les colonnes de nos chers journaux. Je pense à cette clique de cuistres comme Fottorino, Marmande, Lompech, Dhombres, et leur pape Pierre Marcelle, qui nous infligent chaque jour leurs navrantes extrapolations sur des faits plus ou moins divers qu’ils tentent obstinément de raccrocher à une universalité qu’ils ont dévoyée.
Il fait beau voir le Marcelle réduire le dernier Houellebecq à une affaire de gros sous, Lompech expliquer que des émissions de jardinage lui en disent long sur notre société, ou Fottorino se gargariser de formules sibyllines lui évitant de réfléchir dans d’affligeants « billets » dont la rémunération pécuniaire est un des signes les plus certains que seule paie la médiocrité.
Cette incontournable et joyeuse société de sous-fifres de la pensée tente désespérément d’habiller son ineffable vacuité intellectuelle d’allusions constantes à des valeurs qui les dépassent, comme la probité, l’œcuménisme ou la tolérance. En bons défenseurs du genre humain, ils l’étouffent à grands coups d’une moraline dont ils ne voient toujours pas les effets secondaires : l’extinction du principe de contradiction au sein d’un Empire du pseudo-Bien dont ils se font les janissaires.
Car cette grotesque soldatesque préfère ENCORE avoir « tort avec Sartre que raison avec Aron ».
Perdus dans leur bulle germanopratine, le dernier fil les reliant au réel est un RSS, celui d’une AFP partisane dont ils enfilent les perles de simplisme en colliers dont ils fournissent aussi la laisse.
Au nom de l’humanisme, ces abominables Trissotins se vautrent dans un manichéisme qui ne connaît qu’une opposition entre individu et système. L’individu est bon, et ne peut donc être coupable, le système est mauvais, et ne peut donc être que responsable. Tout pouvoir n’a pour obsession que l’oppression, et s’il faut des noms, les bourreaux sont les puissants incarnant le système. Des résidus de fond de couille rousseauiste, en somme.
Un exemple au hasard... relisons Pierre Marcelle : Fofana, un bourreau ? Vous voulez rire, bande d’affreux réactionnaires probablement racistes ! Il n’est que le fruit innocent de la société, et ne peut donc être considéré comme responsable : il est l’individu expiatoire d’un système intrinsèquement mauvais, et il serait un comble de faire de l’antisémitisme une motivation sérieuse de ses agissements, à moins d’avouer ipso facto que, si antisémitisme il y a, il n’est peut être pas si injustifié, puisque Fofana est une réaction. Cf. Juan Asensio et son décorticage du « capitalisme concentrationnaire » sous la plume du fifrelin Marcelle qui n’en finit pas d’étonner par sa capacité à ériger en universalisme les tréfonds les plus abjects d’une âme par nature capable du meilleur comme du pire mais qui, en prétendant avoir éradiqué le Mal, ne fait que le reléguer à un niveau inconscient où il se transforme en zélote d’un Bien dont la face cachée est la plus pure monstruosité, un totalitarisme béat qui prolifère grâce à l’action savante de l’hypocrisie la plus fourbe sur la crédulité commune : le Vice drapé des oripeaux de la Vertu, qui nous conduit tout droit à Fahrenheit 451 ou 1984.
En termes plus simples, la différence ontologique entre, osons, moi et un Pierre Marcelle, c’est que je ne renierai jamais ma capacité fondamentale d’ être un sale con bourrelé de contradictions, et même de me complaire dans ce rôle, ce qui me permet au passage d’être humain et même parfois d’apprécier les bonnes choses, alors que l’autre connard, en Incarnation de l’Übermorale transhumaniste progresso-tolérante, n’est qu’un kapo du Propaganda Staffel qui tente de nous faire croire qu’un être humain, c’est FORCEMENT bien, à grands coups de contre vérités sociologiques type silézenfants sont violents, célafautàlatélé, etc.
Ah ça oui, je mérite bien le camp de rééducation. Il faut « rallumer les fours pour tous ces putains d’intolérants », comme le dit si bien Didier Super.
La voilà, la « civilisation » que nous défendent les Marcelle et consorts : un travestissement pseudo-humaniste qui ne repose que sur la négation de la liberté et de la complexité du genre humain, et « l’intolérance d’une tolérance qui ne supporte plus rien auprès d’elle-même » (un Mein Kampf dédicacé par Ignacio Ramonet à celui qui trouve l’auteur de cette dernière citation.)
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Commentaires
Ne pas tolérer
Toujours se méfier de la "tolérance", mot abject mais à la perversité utile tant il colle si bien à ceux qui l'emploient, car son champ lexical cache déjà son sens contraire, une farouche hypocrisie. Difficile d'être plus en accord avec ton post, et le mot d'ordre de Moustacheland, "ne pas tolérer" est tristement Sartrien à côté de celui de Didier Super... Je viendrais donc me cuiter à Aix, c'est décidé.Yes !
Tu m'en vois ravi, il va pas me rester beaucoup de potes après un post comme celui-là :pPas trouvé pour la citation: c'est pas faute d'avoir utilisé Google dans toutes ses configs. ;-)
Ton billet est trés bien vu concernant le journalisme nombriliste, droits de l'hommiste, bourré de bonne conscience et de suffisance, qu'incarnent magnifiquement Libé ou le Monde.Joli
coup de gueule. Je ne suis pas d'accord avec tout, mais ça, c'est ma spécialité. Et bien le bonjour.6bichonLundi 22 Mai 2006 à 12:04Fais pas cette tête
parce que j'en ai appelé une autre Sacro Sainte Mère de Tous les Tétons. Promis, je te les lacérerai à coups de brosse à dents.8bichonLundi 22 Mai 2006 à 12:44trahison, le retour
tu ne t'en sortiras pas de si belle ingrat... apres tout ce que j ai fait pour toi... ma vengeance se mangera froide!Je l'ai virée
parce que je reçois des mails bizarres, et je préfère faire le parano plutôt que de me retaper une perquisition... J'attends d'être en France pour exposer le scandale Virgin Megastore ;)12CDJeudi 25 Mai 2006 à 20:44Dis donc,
y'a pas qu'au Liban que des dangers te guettent, apparemment ! Prends soin de toi, chouchou :)
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Mon titre est super pompeux, mais y'a un beau cadeau collector à la fin